De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 24 juillet 2015

Depuis quand cette porte


Depuis quand cette porte est-elle fermée,
j'aimerais le savoir, ni sortir, ni entrer,
de quel côté suis-je, je ne sais,
mais par principe, les murs sont couverts
de belles phrases, on les entendrait presque,
tant de voix possibles, d'intonations,
douce, ferme, distante, tendre, enfin,
je ne veux pas choisir, j'entends
ce que je veux entendre, mais là, rien,
la pluie couvre tout, de larges gouttes,
des galets d'eau explosent sur le parking,
la vitre claque, pourtant
ce n'est qu'un nuage, quel prétentieux,
les briques s'assombrissent,
le caniveau draine de fausses feuilles
d'automne, rougies de sang frais,
d'un vermillon si gai, des souvenirs de demain,
un pigeon disloqué est prisonnier
d'un mélange de papier, de figues écrasées,
les premières, encore vertes, quel parfum,
je pense à Tanger, le soleil se couche,
de la fenêtre du Continental,
à travers le vacarme des moineaux
qui s'engueulent dans l'énorme palmier,
des effluves de figues distillées
par l'appel du muezzin, la baie, le port
où grillent des poissons noirs,
je dois rejoindre le Canal, c'est l'heure,
je ne sais de quoi, tous les jours,
à la même heure, mon corps me mène
par le bout des yeux, le ciel est un buvard sale,
coulées d'encre, bleue, noire, jaune,
quel gâchis, le reflet dans l'eau, près du pont,
il faut que je voie ça, c'est ma vie,
je m'invente des histoires, ou je ne sors plus,
je me tais, la Garonne m'appelle,
j'y plonge comme j'entrerais
dans une cathédrale immergée,
c'est mon Atlantide, je suis ridicule,
mais la porte est fermée, depuis quand.

(24 juillet 2015)
Toulouse, Cathédrale Saint-Étienne, 24 juillet 2015, 20h07. ©JJMarimbert


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