De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

samedi 11 juillet 2015

Nous marchons sur des villes


Nous marchons sur des villes enfouies, tassées,
nous n'arrêtons pas de marcher sans le savoir,
la vie se déroule sur une couche de dix mètres
au dessus de la terre, et nous faisons des trous,
nous cherchons, y a-t-il quelque chose, ou rien,
jamais nous ne pouvons masquer les tranchées,
les galeries, les tunnels borgnes, les puits à sec,
nous nous acharnons à frapper avec nos pelles,
nous voulons tout reboucher, quelle impudence,
la couleur n'est plus la même, un bout dépasse,
de quoi, un bras, une jambe, un sexe, non, rien,
les plantes s'activent, explosent dessous, vivent
de toute cette terre remuée en vain, il n'y a rien,
et nous marchons sans arrêt, des villes entières
continuent de s'agiter dans l'ombre des minéraux,
des cailloux, des bouts de verre et des coquilles
cassées, tout est malaxé, nous tassons, oublions,
il suffit de creuser encore, la peur retient la main,
l'air est délié, d'une inconscience totale, et le sol
parfois se dérobe sous les pieds, vite un rocher,
les racines d'un grand platane, la bouche ouverte
nous chantons, les pieds plantés dans la boue,
le visage tourné vers le ciel, à se rompre le cou,
quelle erreur, tout est ici, autour, beauté des lieux,
des êtres, des fleurs et des papillons, des corps,
toujours ces visages nous scrutent, nous aiment,
nous rongent, nous appellent, autant d'horizons,
nos chants, mêlés au vent, au bruit des vagues,
au craquement des forêts primaires, de la glace,
nous viennent d'en dessous, traversent la chair,
marquent la peau, ce parfum, ce goût d'en bas,
nous le jetons aux oiseaux, aux cimes des pins,
nous couvrons nos têtes de terre fraîche, pure,
sous nos pieds, les villes s'étendent, joyeuses,
alors dansons, arrêtons de marcher au hasard,
le silence est pire que le vide, gouffre du rien,
tu le sais, l'être est chant murmuré dans le noir.

(11 juillet 2015)
Toulouse, Cyprès bleu d'Arizona la nuit, 10 juillet 2015, 22h34. ©JJMarimbert


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire