De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 6 juillet 2015

Accoudé au bastingage du jour


Accoudé au bastingage du jour, tourterelle
en ligne de mire, inquiète, entre le spectacle
des miettes matinales, jetées depuis le balcon,
et le danger d'être une cible, œil et tête roulent,
agacée, elle file dans un cyprès, son absence
écorche mes yeux, et tout mon être, je guette,
statue de sel, un mouvement dans les branches,
rien, plus de trace, peut-être est-ce cela, vivre,
savoir disparaître, être là où personne n'attend,
attendre, être attendu, la vie se passe, si belle,
si difficile, il n'est de science plus ardue, selon
Montaigne, son refuge, sa tour, ai-je une tour,
une arrière-boutique toute mienne, enfin libre,
et mieux, à l'abri de mes regards, m'échapper,
ne plus savoir où je suis, moi, cette étiquette,
mais si, je sais, j'en suis incapable, c'est tout,
je ne me quitte hélas jamais, me verrais bien
m'envoler au moment où, ne m'y attendant pas,
je retrouverais, qui sait, tel doux visage en allé,
tel paysage de mer, de montagne, telle époque,
non, c'est bien enfoui, tant mieux, disparaître
de ses propres souvenirs, effacer les nuages,
alors déchirer le ciel, la tourterelle est derrière,
en coulisses, là où tout se joue, ici n'est rien,
c'est du réchauffé, là, les scènes se répètent,
dialogues inachevés, la tourterelle se régale
déjà de ces miettes, au balcon, plus personne,
ça grouille de toute part, la joie coule, l'amour
est dans chaque regard, sans peur, si simple,
la tourterelle s'est posée sur le lampadaire,
tout est possible, tu sais, la lumière a changé.

(6 juillet 2015)
Toulouse, 16 mars 2015, 7h07. ©JJMarimbert


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