De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 20 juillet 2015

Comment l'oiseau fait-il


Comment l'oiseau fait-il,
pour n'avoir rien à garder au fond des yeux,
et laisser entrer l'herbe ou le blé,
les brindilles de la vie et de la mort,
l'ombre des feuilles
où se cache le monde, reclus,
surgissant au moindre souffle,
entre les branches agacées par la brise,
et le papillon, si délicat
malgré ses ailes démesurées,
pour ne faire qu'un avec la fleur,
le ciel, le ruisseau, le vent,
mais dès qu'un trou est percé,
par où s'invite l'immensité du dehors,
inépuisable torrent,
un dehors qui le restera,
on se tient sur le seuil,
gardien d'un puits creusé dans le sable,
tout commence et prend fin,
les images s'empilent,
et les mots, les rires, les peurs,
un indescriptible mélimélo s'enroule
autour des os,
flotte comme linge sur le fil
tendu d'un jour à l'autre,
illusion de fil qu'un rien arrache,
et laisse pendant,
menteur, pas rien, jamais,
une présence, visages et corps,
entailles dans la plénitude des choses,
alors bouleversé, happé,
soudain nager en pleine mer,
ivre d'espaces vierges,
l'oiseau vole, chante, ailleurs,
les regards cherchent où aller, où se poser,
il n'y a plus de lieu, hors le puits,
sauf à l'horizon, et tout chancèle,
menteur, il suffit de s'arrêter,
de respirer, de se taire,
de marcher, d'écouter,
ta main tremble,
les doigts tissent un fil plus solide,
j'entends fredonner un air de jazz.

(20 juillet 2015)
Toulouse, Grand-Rond, 28 juin 2015, 18h10. ©JJMarimbert


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