De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 23 juillet 2015

Le jour s'étire


Le jour s'étire, sous un buisson cache sa joie,
l'heure du loup n'est pas loin,
propice aux ombres d'un autre âge,
la lumière est si chaude, il faut partir,
marcher contre le soleil oblige à lever la main,
ce réflexe des enfants craintifs, ou prudents,
sait-on d'où peut venir le coup, la caresse,
c'est étrange, les voix se font à peine entendre,
la rue chuchote, dans un ciel sans oiseau,
enfin, un martinet perdu,
très loin, la mer engloutit les rêves,
le sable lisse brille, un miroir,
les vives patientent à fleur d'écume,
la rue est écrasée par le poids des heures,
épaisse de poussière, de fatigue, de soif,
très loin, la guerre fait rage, murs vérolés,
les regards, ceux de bêtes encerclées par le feu,
le vent hésite et fait le fou,
il faut se taire, il est sensible au silence,
ne sait plus quoi penser et s'épuise,
rejoint sous un buisson ses compagnons de jeu,
le jour l'attend, demain, tu verras,
mais là, une voix, un soupir,
une phrase prise au vol,
un sourire embrassé, une épaule nue,
c'en est fini des sautes de vent,
des restes de jour, il faut la nuit,
la profondeur des pupilles,
la musique des mots retenus,
dans le souffle des corps hésitants,
très loin, une forêt s'effondre sur elle-même,
l'humus grignote les troncs,
les arbres de demain font craquer le sous-bois,
le fleuve est là, qui rêve de montagne, d'océan,
le jour se noie sous la guirlande du pont,
très loin, un orchestre joue,
les notes tremblent, les images sautent,
je ne sais pas ce qui m'arrive,
très loin, je marche dans une rue inconnue,
j'ai entendu un rire si clair, si joyeux,
cela suffit à m'éloigner d'ici, tu sais.

(23 juillet 2015)
Toulouse, 27 juin 2015, 18h15. ©JJMarimbert


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