De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 26 juillet 2015

Il n'est plus temps de courir


Il n'est plus temps de courir après les oiseaux,
les arbres sont nus et transparents,
la rue est un torrent frangé de douceur,
les fenêtres se ferment à l'approche du jour,
les briques flambent de joie et de terreur,
le soleil perce les murs, éclabousse les toits,
il n'a que faire de vaines attentes,
d'espoirs bricolés dans l'urgence du vertige,
les braises consument les fleurs des balcons,
géraniums, azalées, hibiscus,
petits orangers boules, oliviers en pots,
sur le trottoir, les silhouettes penchées
luttent contre un vent salé,
chevelure d'une comète marine,
le fleuve est tapi sous les ponts,
l'eau racle le fond, épaisse et tourmentée,
s'accroche aux vieux vélos, meubles cassés,
roues ensablées, bouteilles d'encre noire
vidées lors de rites immémoriaux,
pour lutter contre la peur, la maladie, la mort,
il n'est plus temps de frôler les précipices,
de laisser la colère ronger le littoral,
d'attendre que la houle mette à bas la falaise,
ni falaise, ni houle, il faut sortir, aimer,
mettre au feu ces relents de nuit trouble,
et dans les poches les regards échangés,
les lèvres offertes, les cheveux étalés sur le drap,
le parfum des émois, les paroles chuchotées,
ne rien jeter, je descends l'escalier,
me retrouve au pied des cyprès,
la fraîcheur de l'ombre me plonge
dans un paysage de terre ocre jaune,
les chèvres se serrent autour des troncs,
les vieux oliviers chantent, j'aime tant les îles,
je remonte la rue jusqu'à l'avenue,
je vois le Canal, le saule pleureur, le prunus,
et le feu rouge du pont, les péniches,
l'océan est toujours là, tu sais.

(26 juillet 2015)
Toulouse, 14 juillet 2015, 17h19. ©JJMarimbert


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire