De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 24 décembre 2015

L'ours (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : L'ours (Jean-Jacques MARIMBERT)
(extrait d'Animots, Éd. des Carnets du Dessert de Lune, décembre 2015)


24 12 15, 17h57.
J.-J. Marimbert

Je suis dans la rue (Jean-Jacques MARIMBERT)


Je suis dans la rue,
passe devant la cathédrale bleutée,
comme si j'allais quelque part,
le pas ferme, déterminé, voilà,
je rejoins Alsace-Lorraine,
les statues du Musée des Augustins
sont toujours aussi élégantes,
où vas-tu me disent-elles,
j'accélère le pas,
personne ne se doute que
j'évite les rues qui mènent au Canal,
au pont, à la rue en pente,
à l'escalier, à la porte,
à l'espoir émietté,
il me semble que
tout le monde fait pareil, c'est idiot,
pourvu que nous n'arrivions jamais,
ce serait terrible,
je vais quelque part, c'est certain,
cet enfant, là, qui court,
ce couple habillé d'éclats de rire,
sous les guirlandes tendues entre les balcons,
de part et d'autre de la rue,
eux aussi, nous y allons,
l'air est frais, un air d'inconnu,
j'en fais une histoire,
un visage a disparu à l'angle,
avalé par une vitrine
où l'univers est merveilleux,
lumières, vêtements de fête,
tables dressées, champagne,
ou bien un reflet,
c'est tout un, à l'infini,
il y a une foule compacte,
la rue est démesurément longue,
ce soir,
j'ai tout mon temps.

(23 décembre 2015)
Toulouse, place Saint-Étienne, 12 décembre 2015, 17h53. ©JJMarimbert


dimanche 20 décembre 2015

Poissons (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : Poissons (Jean-Jacques MARIMBERT)
(extrait d'Animots, Éd. des Carnets du Dessert de Lune, décembre 2015)


20 12 15, 8h38.
J.-J. Marimbert

mardi 15 décembre 2015

samedi 12 décembre 2015

Peut-être ne pourrai-je plus parler… (Jean-Jacques MARIMBERT)


Peut-être ne pourrai-je plus parler, peut-être n'ai-je plus de mots, ou vains, ou creux. Les mots se cachent, affolés, fuient. Ou ne suis-je plus habité par rien, comme aspiré, balayé. Est-ce possible. Entouré de formes évanescentes, molles, moi au milieu mais où. Peut-être est-ce un début, le début d'un début, esquisse, ébauche, de quoi, je n'en vois pas le bout. Lourde pierre détachée d'un à-pic fleuri, depuis je cours çà et là, tout va bien, agrippé au garde-corps, tout tient. Je suis là à le dire, même pas, ridicule adresse, face à qui, pourquoi, nul appel, nulle réponse, nulle attente, ou bien attente absolue, ni colère, ni noirceur facile, ni délaissement fabriqué pour masquer le volcan. Je suis là, ne suis pas là, plus là, je suis là, regard brouillé dans l'attente du matin, du soir, du repas, de la rue, du bus, du métro, du fleuve, de la porte, de la porte fermée, de la porte fermée silencieuse, du silence fermé, du vin, du soleil d'hiver, si beau, si fragile, si timide, des ombres pâles, bleues, toujours bleues, de ton visage évaporé, partout, dilué dans l'air, dans les arbres, dans les nuages, cueilli au vol par les fenêtres de la nuit. Foulure du temps, il fait si froid. Corps disloqué, corps terrassé par le vent vertical, sur le lit caché dénudé invisible, anatomie du tonnerre souterrain. Le volet bat, les cyprès se regardent sans fin dans le cercle du lampadaire, percent le ciel noir. Peut-être n'ai-je plus à dire, ai-je perdu je ne sais quoi, je sais, non, personne ne sait, enfance gâchée, inconsolable, et puis. Tenir, résister, espérer, tout bascule. Violence des armes, confiance malmenée, que croire, et qui, naïveté du oui, toujours le non l'emporte, en soi, hors de soi. Pourquoi lutter. Pourtant lutter, encore, aimer, têtu, le dire, le taire, le dire. Avoir le courage. Mais cette lassitude niée par le merle qui file en râlant, se pose au cœur du figuier squelettique, patient. Reconnaître ce vide, ce piège, ce fiel de l'attente, cette joie recouverte d'algues décomposées, de crabes secs, d'écume huileuse venue de l'horizon. De l'horizon du fond des yeux, de l'horizon du fond de la bouche, du ventre. Et sous les yeux, sous les paupières tapissées d'aiguilles, là, je suis là, tout entier. Ni sombre ni saturnien à la noix, ni posture ni orgueil, ni rien d'autre que cette possibilité d'être, cette possibilité nue, cette liberté avide. Un secret mal gardé, ni plainte, ni gémissement, ni rien, force de l'abandon, force du vertige, béance à jamais, tous sens à vif, vivant espoir d'un ailleurs contenu. Peut-être ne pourrai-je plus parler, verrouillé du dedans, du dehors, entre les deux coincé, mais tenace. Là où le vent siffle, glacé, revigorant, dans une invisible faille, qu'une mélodie suffirait à réchauffer, à éclairer, à décorer de mille nuances, de rires, de pleurs de joie, de courses folles dessinées par le hasard.

12 décembre 2015, 17h11.
Toulouse, métro, 10 12 15, 7h33. ©JJMarimbert


Dialogue, extraits, 1966-1968 (Giuseppe UNGARETTI/ Bruna BIANCO)


Mise en voix de textes : Dialogue, extraits, 1966-1968
(Giuseppe UNGARETTI/ Bruna BIANCO)
Ungà : Ta clarté, suivi de L'éclair de la bouche
Réponses de Bruna : Couleur d'ombre.

"Dialogue a été publié à quelques exemplaires hors commerce, avec une combustion de Burri, à l'occasion de mes quatre-vingts ans, en février 1968. Il comporte des poèmes de moi où, conscient de mon âge, j'ose laisser entendre que l'amour peut ne s'éteindre qu'avec la mort. Les réponses sont d'une jeune femme, Bruna Bianco ; je les ai trouvées d'une fraîcheur poétique insolite et je suis parvenu à vaincre sa répugnance à les publier à côté de mes textes." (G. Ungaretti)


12 12 15, 8h29.
J.-J. Marimbert

vendredi 11 décembre 2015

jeudi 10 décembre 2015

Info Animots…

Bon de commande simplifié d'Animots, d'ores et déjà disponible. Vous pouvez aussi commander le livre en librairie, ou en ligne. Merci.
Se battre pour les livres, c'est résister à l'indifférence, à l'ignorance, à la barbarie, faire le pari de la vie, de la création, de l'étonnement face au monde, aux autres et à soi.


dimanche 6 décembre 2015

jeudi 3 décembre 2015

mardi 1 décembre 2015

Le verre est retourné… (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : Le verre est retourné… (Jean-Jacques MARIMBERT)
(inédit, 29 juin 2014)
Jacques Reverchon, "España querida", 1965, détail.


01 12 15, 21h32.
J.-J. Marimbert

Cette nuit, penché… (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : Cette nuit, penché… (Jean-Jacques MARIMBERT)
(inédit, 24 novembre 2014)
29 11 15, 18h11.
J.-J. Marimbert

Cette nuit, réveillé… (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : Cette nuit, réveillé… (Jean-Jacques MARIMBERT)
(inédit, 22 novembre 2014)
Ronan Barrot, "Personnage lisant", 2009.
28 11 15, 20h59.

La nuit s'achève… (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : La nuit s'achève… (Jean-Jacques MARIMBERT)
(inédit, 27 janvier 2015)
Jean Cantaloup, "Torremolinos", 1969.
23 11 15, 16h50.


ANIMOTS

Bonjour,
Pour information, et plus si affinités, et à diffuser si vous voulez, à paraître en décembre, aux Éditions Les Carnets du Dessert de Lune :

Animots50 Poèmes. Illustrations d'Étienne Lodého ( http://www.etienne-lodeho.fr/ ).

Collection Pleine Lune.
Format 14 x 20 cm. 110 pages imprimées sur papier Bouffant sous une couverture Gmund Kaschmir coton blanc.
ISBN 978293060729.0. 15 €

Merci !




jeudi 19 novembre 2015

La musique (Anna AKHMATOVA)


La musique (Anna AKHMATOVA)
(1958)
"L'horizon est en feu", Cinq poètes russe du XXe siècle.


19 11 15, 14h57.
J.-J. Marimbert

mardi 3 novembre 2015

Il arrive que l'ombre (Jean-Jacques Marimbert)


Il arrive que l'ombre
porte en son inquiétude
et sa caresse inaperçue
la tranquillité du rien
la pudeur de l'absence
ou bien encore
la lumière des lointains
l'oubli des vains mirages
et des peurs enfantines
la mélodie des profondeurs
par-delà les soubresauts
de nerfs déterrés vifs
courant à même le sol
trouvant refuge à l'horizon
où le rivage est d'or
mais il arrive aussi
que l'ombre cache
dans ses motifs bleutés
un navire penché
malmené par le vent
une déchirure des jours
encore teintés de nuit
une voix dissoute
aux multiples parfums
et la stupeur de l'être
cherchant sans relâche
une présence animale
au cœur de l'émotion.

(03 11 15)
Toulouse, Quai de Garonne, 01 11 15, 15h37. ©JJMarimbert


dimanche 25 octobre 2015

Sous l'arbre… (Jean-Jacques MARIMBERT)


Mise en voix de texte : Sous l'arbre… (Jean-Jacques MARIMBERT)
22 juin 2015, inédit.
Jean Cantaloup, Le vieux mas, Cassis, 1979, détail.


25 10 15, 9h46.
J.-J. Marimbert

samedi 24 octobre 2015

Rochers au bord de la mer (Pierre de RONSARD)


Mise en voix de texte : Rochers au bord de la mer (Pierre de RONSARD)
Du Panégyrique de la Renommée, 1584.

… Ne vois-tu ces Rochers, remparts de la marine ?
Grondant contre leurs pieds toujours le flot les mine,
Et d'un bruit écumeux à l'entour aboyant,
Forcenant de courroux, en vagues tournoyant,
Ne cesse de les battre et d'obstinés murmures
S'opposer à l'effort de leurs plantes si dures,
S'irritant de les voir ne céder à son eau.

Mais quand un mol sablon par un petit monceau
Se couche entre les deux, il fléchit la rudesse
De la mer, et l'invite ainsi que son hôtesse
À loger en son sein ; alors le flot, qui voit
Que le bord lui fait place, en glissant se reçoit
Au giron de la terre, apaise son courage,
Et la léchant se joue à l'entour du rivage…


(Bernard Garcier, 2010, détail)
25 10 15, 8h58.
J.-J. Marimbert

vendredi 23 octobre 2015

mardi 20 octobre 2015

dimanche 18 octobre 2015

Pour Felician (Ingeborg BACHMANN)


Mise en voix de texte : Pour Felician (Ingeborg BACHMANN)
(1942-1945) (trad. Françoise Rétif)


18 10 15, 9h15.
J.-J. Marimbert

samedi 17 octobre 2015

Au bruit des sabots de la nuit (Ingeborg BACHMANN)


Mise en voix de texte : Au bruit des sabots de la nuit (Ingeborg BACHMANN)
Poèmes 1948-1953 (trad. Françoise Rétif).


Gare de Florence à minuit, fin des années 80. ©JJM
17 10 15, 17h57.
J.-J. Marimbert

vendredi 16 octobre 2015

L'abri rudoyé (René CHAR)


Mise en voix de texte : L'abri rudoyé (René CHAR)
extrait de : Le nu perdu, "Dans la pluie giboyeuse". (1964-1970)

Le 7 octobre 2015, à 8h18. JJM


dimanche 11 octobre 2015

vendredi 21 août 2015

Au point du jour


Au point du jour, ce paquebot à l'ancre,
au large sous un ciel de Chine,
immobile tache de lumière
jaune et rouge posée sur l'eau,
en son ventre bouillonne le lointain,
il nargue l'orage, accroché à sa chaîne,
mais l'orage est passé, colère universelle,
il a transpercé la coque, balayé les coursives,
dévasté les cabines, les salons regorgent
de plats somptueux, de verres élégants,
les lustres se balancent encore,
mais il n'y a plus personne,
un silence noir a tué l'agitation mondaine,
la poussière des tapis suit la houle,
une musique surannée traverse les aquariums
où s'ennuient des poissons exotiques,
impénétrable mutisme saturé de cris étouffés,
les portes grincent et battent,
un air poisseux colle les rideaux aux hublots,
sur le pont, les guirlandes diffusent une triste gaité,
le chœur des mouettes dilacère les nuages,
des silhouettes glissent, que de visages ignorés,
de paroles diluées dans une séduisante légèreté,
les moteurs soudain se remettent à gronder,
il est temps de repartir, il est temps d'aimer,
porque no se puede vivir sin amar,
un horizon transparent désunit ciel et mer,
faudrait-il plonger, nager jusqu'à la côte,
s'allonger sous un grand pin, mais non,
le paquebot se réveille, en son ventre l'ailleurs,
l'air se dilate, les guirlandes sont éteintes,
inutiles décorations d'un passé effondré,
la lourde chaîne remonte lentement,
la falaise blanche s'éloigne de la terre,
çà et là des regards se croisent à nouveau,
des mots volètent et se posent
sur les nappes de basin brodé
de fleurs, de coquillages, de palmiers,
où jus d'orange, pain grillé et tasses fumantes
attendent nos rires et nos mains étonnées.

(21 août 2015)
Peñíscola, 15 août 2015, 6h57. ©JJMarimbert


mercredi 19 août 2015

L'escalade (Yannis RITSOS)


Mise en voix de texte : L'escalade (Yannis RITSOS)
À Peñíscola, le 20 août 2015, à 8h25 :


Peñíscola, 19 août 2015, 18h26. ©JJMarimbert


mardi 18 août 2015

Un banian plonge ses racines


Un banian plonge ses racines tentaculaires
jusqu'au tréfonds de la nuit,
ses lianes servent de balançoires aux rêves,
le vent donne aux pins la chevelure des fous,
au large, le mer lutte contre un ciel d'éclairs,
une lueur fade esquisse des toits, des façades
de papier de riz où ruisselle la pluie,
le silence est total, ni tonnerre, ni craquement
de branches malmenées par la bourrasque,
il ne pleut plus, je marche sur la route côtière,
rejoins la ville semée de lampadaires falots,
les palmiers résistent, refusent de tomber, 
le château dresse ses remparts contre le vide,
ses flancs sont battus par des vagues aveugles,
ni choc de bateaux au mouillage dans le port,
ni cliquetis de cordages, de poulies sur les mâts,
je me tiens à nouveau sur la terrasse,
mon esprit vole à l'autre bout de la forêt,
guette le moindre signe d'apaisement,
l'énorme nuage traversé de lumière antique
s'éloigne, laissant une plage catatonique,
l'eau touche à peine les rochers,
l'aube force l'horizon à tendre un fil ténu
auquel mes yeux s'accrochent,
qu'y a-t-il de si important à vivre,
que l'horizon seul puisse servir de rail
au néant ainsi réduit à rien,
les grands pins lancent quelques oiseaux,
merles et moineaux s'ébrouent dans un air
saturé d'électricité tragique,
la terre noircie par l'averse nourrit les agaves,
pourtant, ce magnifique banian, je l'ai vu,
je m'y agrippais pour percer l'obscurité,
grande hune de ma profondeur,
dans mes rêves, la douceur suivait
le balancement des lianes,
contredisant le chaos dont j'étais le théâtre,
était-ce mon corps, était-ce moi,
un séisme a fait trembler la mer,
mais la douceur jamais ne vacille.

(18 août 2015)
Peñíscola, Orage, 17 août 2015, 6h07. ©JJMarimbert