L'arbre à papillons

L'arbre à papillons du jardin n'arrête pas,

assailli de toute part, dès le petit matin,

et à l'heure chaude, grappes violettes,

innocentes, le laurier s'évertue en vain,

est-ce le fuschia, est-ce le parfum,

le palmier réfléchit sous son ombre,

en lui le puits de l'histoire sans fond,

alors ces ailes, ces pattes graciles,

les trompes avides ne le touchent pas,

piéride ou citron, demi-deuil ou sylvain,

qu'importe, la brise choisit la couleur,

la torpeur étale un silence si épais

sur les murs éclatants de l'immeuble,

blancheur inutile, la vie est ailleurs,

tout aussi inutile, mais tenace, têtue,

sous ces ailes qu'un rien fait voltiger,

et tout et tout, j'en étais là, à rêvasser,

magma d'émotions, de souvenirs, d'idées

sans lien, non, faux, il est tu, c'est tout,

l'arbre à papillons bouge ses branches,

comme ces vendeurs de glaces chantent

pour attirer les enfants, dans le brouhaha

de la plage de galets, des parasols rayés,

nous plongeons, et, à l'abri des regards,

les rires se mêlent aux éclats de l'eau,

les visages ruissellent de soleil, de joie,

hésitent entre horizon et rivage brûlant,

il fait encore trop chaud pour les merles,

les papillons sont intranquilles, heureux.

(4 juillet 2015)

Toulouse, 25 avril 2015, 16h40. ©JJMarimbert