De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 14 juillet 2015

Le carillon de la cathédrale


La carillon de la cathédrale envoie nul ne sait où
des signaux de détresse, les gargouilles ricanent,
sur la houle des pavés, tables et chaises dérivent,
et les bancs, les massifs, les vélos et les chiens,
un enfant barbote sur l'herbe, un pigeon surveille
la place, les vitraux racontent une vieille histoire,
partout des voix, du vent, les tables rondes rient,
l'énorme tronc d'un arbre coupé crie à l'injustice,
personne ne l'entend, il est dévasté de l'intérieur,
il semblait si fort, solide, illusion, l'invisible mal
travaillait en silence, sournois, sous l'écorce nue,
quelle heure est-il, les cloches n'en finissent pas,
les notes hésitent, tournent un peu et s'écrasent
sur les façades embrasées par le soleil couchant,
la fontaine n'a pas d'eau mais les putti gambadent
sur la pierre comme des idiots en une vaine ronde,
sourires figés, bras potelés tendant un tuyau sec,
une femme photographie porte rouge et tympan,
le vent est tombé, l'arbre à nouveau lance un cri,
le carillon continue de sonner, quelle heure est-il,
le pigeon et l'enfant discutent sur un banc creusé
dans le mur de briques, un chien mord un ballon,
un couple enlacé sur l'herbe nage vers l'horizon,
du tympan coulent des larmes de joie et du sang,
les tables rondes ne rient plus, le vent murmure,
le carillon s'emballe, il faut faire quelque chose,
se lever, parler, l'arbre meurt, la ronde est finie,
non, l'eau coule à la fontaine, le temps s'apaise,
la douceur envahit la place et traverse les corps,
ce n'était rien, tu sais, une secousse, un remous.

(14 juillet 2015)
Toulouse, 2 juillet 2015, 19h. ©JJMarimbert


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