De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 17 décembre 2014

La nuit 26


La nuit parfois déborde sur le jour,
au petit matin déjà les cyprès
secouent en vain leurs branches,
la tourterelle sur le lampadaire
interroge ma fenêtre d'un œil,
pas de miettes, à peine une ombre,
le ciel résiste, alors la grosse lampe
jaune s'éteint, la nuit retombe,
d'un coup les maisons se tassent,
submergées par une vague sirupeuse,
jour noyé dans un mélange opaque
de rêves éloignés, voix et scènes
se décollent, en lambeaux de sens
des bouts de dialogues s'éparpillent,
je ferme les yeux pour rassembler
des bribes accrochées aux cyprès,
auxquelles peu à peu se mêlent
des projets flous, embryonnaires,
des lubies surgies d'on ne sait où,
du fin fond de je ne sais quoi,
entrailles ou gouffre des horizons,
idéal de tendresse, chewing-gum
collé aux semelles des années,
soudain balancé par la fenêtre
d'une voiture sans chauffeur,
j'ai beau le voir je marche dessus,
il dégage un parfum de cinéma,
velours rouge, écran, vent du large,
toutes voiles dehors gonflées à bloc,
Tarsis en ligne de mire, pour tout l'or
des yeux, des lèvres, du visage offert,
la tourterelle soudain s'envole en râlant,
sous le choc la rue tremble, sonnée,
d'obscurs débris flottent à la surface
des tableaux que la réalité bricole,
sous mes regards teintés d'aventure,
autant d'esquisses aussitôt effacées
par une brume invisible et tenace.

(17 décembre 2014)
Entre Sète et Tanger, 17 mai 2007, 8h27. ©JJMarimbert


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