De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

samedi 13 juin 2015

La nuit 94


De la nuit, labyrinthe sans tracé, ni parois,
belle fête foraine où les manèges penchent,
reflet d'un massacre sur la boule d'une Irma
rousse peinturlurée, à peine ouverts les yeux,
au milieu d'une foule compacte et bruyante,
les ballons éclatent, les rires fusent, les cris
en rafales tracent en plein ciel le grand-huit
des jours perdus et à venir, mais labyrinthe
pur, de l'inquiétude l'avatar, où se voit cloné
le même personnage, ridicule, touchant, nu,
étonné et perdu, quête d'un moi transparent,
égo vide, sourire en coin et main tremblante,
là cow-boy de pacotille, Quichotte héberlué,
smoking blanc dans la jungle, gangster trahi,
marin happé par l'horizon ou rêveur solitaire,
Italien au volant d'un bolide, vendeur d'eau,
berger entouré de chèvres étiques, amoureux,
spectres vite dissouts, bandonéon en larmes,
piano caché au fond de l'eau, une flûte fêlée,
la chambre résonne de mélodies serpentines,
alors, rejetant le drap, sur ma peau le souffle
de la rue, me levant, orchestre dans le jardin,
tes cheveux noirs, nous dansons, ciel décoré
de guirlandes, vent du sud, oui, et nous irons
à Cordoue, tu sais, où chantent les fontaines.

(13 juin 2015)
Tanger, Hôtel Continental, mai 2005, ©JJMarimbert


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