La nuit, ce ressac, de sombres rochers affleurent,
à la surface, épars, des éclats de vieux gréements
auréolés d'écume sale, dérivent, crique invisible,
raclent le sable, ils roulent, hésitent, s'échouent,
souvenirs de coques éclatées, de cales éventrées,
déversé sans vergogne le butin de la vie se délite,
des rouleaux fracassés sur la falaise, le vacarme
couvre les plaintes, les chants, les cris d'oiseaux,
des lambeaux d'algues brunes flottent au hasard,
arrachés des hauts fonds, mêlés à des arapèdes,
à moitié immergés, visages de joies trop fortes,
explosions molles ralenties par l'après, l'ailleurs,
passent aussi des bouts de phrases, des regards,
des livres aux pages dissoutes, des rues obliques,
des vitrines de magasins luxueux, des brasseries,
le salon bleu, décoré à l'anglaise, d'un paquebot
cinglant vers la mer du Nord, au large d'Ostende,
et, dans la pénombre, oui, l'attente de ton sourire,
le crépitement des pas perdus, se croisent, filent,
entrelacs serré de rails au milieu d'une cathédrale
sous-marine, le souffle des émotions, je me lève,
traverse le halo du volet et me retrouve à l'autre
bout du monde, dans le silence infini de la nuit.
(10 juin 2015)
Toulouse, Cathédrale Saint-Étienne, 27 mai 2015, 16h26. ©JJMarimbert
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