De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 26 janvier 2015

La nuit 49


La nuit s'achève et me laisse en suspens,
sur les murs, mille et mille questions vides,
des morts, des leurres, des mots de haine,
j'aurais aimé rencontrer écouter Marc Aurèle,
jeter radio télé, ne garder que le papier du jour,
le temps, le silence, faire de la nuit un sanctuaire,
mais non, la nuit renaît, s'agite, les mots fuient,
la guerre, les rafales, tandis que sur les plages,
tandis que dans les arbres, la lumière des fleuves,
patiente la vie muette, elle bruisse, cherche, file,
non, nuit d'images floues, de perruques soyeuses,
de bijoux empoisonnés, d'extase meurtrière,
sur le bureau, entassées, les ombres assassinées,
je me souviens de Marc Aurèle, de sa lumière,
le corps est eau courante, l'âme songe et fumée,
alors se lever, rejeter les outrages faits au génie,
les mensonges et faux-semblants, l'hypocrisie,
le regard des sirènes, les beaux chants venimeux,
le lit est brûlant, cette nuit est la dernière, enfin,
toutes les nuits, ce sublime tourbillon des nuits,
et je te croise, tu ne vois rien, tu t'es perdue,
noyée dans de faux rires, monde de carton-pâte,
moi, inachevé, jeté au puits des vaines tentatives,
tandis que les forêts, tandis que les montagnes,
la mer au loin s'amuse de tant de vanité puérile,
alors se lever, faire œuvre d'homme, être vivant,
dit-il, tandis que nous marchons, petit chemin,
campagne romaine, la nuit égrène son chapelet,
le cadre de la fenêtre m'invite à voyager, partir,
la nuit s'achève, elle gît sur le plancher, pâle,
ridée de colère, exténuée, rongée de solitude.

(27 janvier 2015)
Toulouse, 27 janvier 2015, 8h12. ©JJMarimbert


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