De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 6 janvier 2015

La nuit 42


Certaines nuits, le silence est total,
profond, je cherche, une immense salle vide
où résonneraient des pas absents,
un horizon de silence, une longue galerie,
je m'y engouffre, désœuvré, bras ballants,
un puits, je tombe et tombe encore, non,
au fond de l'eau, sans eau,
apesanteur, pourtant je vois mes livres,
sur le bureau deviné brille le verre à stylos,
une goutte de lumière chipée
au cadre de la fenêtre, volet mal jointé,
je m'attends à tout, autant dire à rien,
derrière la porte, je le sais, le couloir,
l'autre chambre, vide, pourquoi,
c'est toute une histoire, le vide,
il jacasse, n'en finit pas de ressasser,
puis la salles de bains, dans l'attente
de quoi, gestes huilés, le corps lavé,
la petite araignée dans un coin, je sais,
elle ou moi, c'est égal, nous luttons,
porte fermée, j'arrête de me faire du mal,
il y a la cuisine, en attente, de quoi,
l'entrée, la grande pièce à tout,
quel malin plaisir ai-je à m'éparpiller,
incapable de rester là, dans le silence
d'une tombe, non, je le savais,
j'y vois, je toussote, je bouge,
la tombe est une mauvaise image,
c'est tout l'inverse, douceur des draps,
de l'oreiller, pas de tombe, ou alors,
il y a un tel silence, cette nuit, j'ai peur,
j'avoue qu'il suffirait d'un rien pour que,
dans ma tête court un jeune chien,
halète un chien mourant aussi,
ma tête est un chenil plein, parfois,
mais là, les bêtes soufflent, le chiot
est tombé dans le puits, le vieux chien
renifle sous la porte, le silence pénètre
dans ses poumons, le niveau monte,
la chambre est noyée, si j'ouvrais la fenêtre
à cet instant précis, le silence envahirait la rue,
je pense à ceux qui y dorment, j'ai honte,
tout ce silence rien que pour moi,
la nuit est sans pitié, lumière crue,
elle plante ses aiguilles
dans les yeux et les oreilles.

(6 janvier 2015)

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