De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 4 janvier 2015

La nuit 40


La nuit toujours est une question de vie de mort,
de naissance, d'enterrement, le sommeil, absence
à soi, au monde, les autres déboulent en théorie,
présence à nu sans fard, ou fard nu, oui, à vif,
la lutte commence, joute ou acte d'amour, défi
ou fuite, et vie ou mort, l'enjeu est là, le mérou
guette sa proie dans l'ombre d'une faille noire,
je sombre mérou, je poulpe ou calmar happé,
je total étalé, lutte écartelé, en guerre contre,
la nuit s'ouvre sur le terrible combat des oiseaux
en plein vol, serres tendues au moindre soupçon,
le règlement de compte se fait au soleil de midi,
silhouettes rongées de lumière, braise des yeux,
les poncifs y passent, duels d'antan en matinée,
la chambre, le lit, traversés d'acacias en boules
arrachés à ma mémoire par le carnaval des rires,
des pleurs qui scandent la vie, les héros meurent,
les masques sont tombés depuis belle lurette,
le visage, vague reflet de chair sur l'oreiller,
il n'y a rien à comprendre, tout est là, à portée,
chacun attend son tour de parole, aucune fuite
enfin n'est possible, je mérou poulpe attachés
l'un à l'autre, des enfants courent, ne savent pas,
des chaises craquent, soudain tout s'emballe,
de très vieux visages balbutient, mains nouées,
des bijoux scintillent, des lèvres s'entrouvrent,
inconnues, familières, une fragile nuque s'offre
aux doigts qui tremblent, et l'espace d'un coup
s'élargit, la nuit bascule dans l'abîme du jour,
le duel est reconduit, l'encre du poulpe brouille
les cartes, ce n'était rien, corne de brume, alerte,
la nuit me plonge dans les affres de la naissance,
il suffit de laisser faire le je mérou, le je poulpe.

(4 janvier 2014)

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