De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 25 janvier 2015

La nuit 48


La nuit est, en plein jour, refuge et musique,
marchant dans une rue de briques humides,
sous un crachin subtile et froid, je me cache,
que faire, de moi-même, tout recoin me tente,
je cherche l'ombre apaisée, l'eau du caniveau
pépie, petit chant du cygne, filant vers la bouche
de pierre qui l'engloutit, tout là-bas fleuve, océan,
nuit souterraine dont je me drape, sous un porche,
en quête d'une énigme, j'attends, et l'être finit
par se montrer, j'apprends, ici là quelques mots,
parole tronquée d'un opéra italien, est-ce Lucia,
les voitures chantent, la pluie tombe, si fraîche,
les gouttières tintent, le caniveau s'engorge,
le jour rend l'âme, violence de l'eau et du vent,
ou bien est-ce en moi, macadam lisse, terrasse,
non, Lammermoor, le destin, le sang d'Arturo
coule, la folie fait trembler les façades rouges,
rouge sombre, rouge nuit, rouge secret de la vie,
la nuit aide à voir ce que le jour habille et cache,
hissé sur la pointe des pieds, agrippé à la palissade
des habitudes, s'offrent aux yeux ébahis l'étendue
des plaines, les montagnes, les châteaux profonds,
le crachin pénètre vêtements, peau et visage,
la lumière mouillée des vitrines, des phares,
des vélos se faufilant sur le trottoir, m'emporte,
farandole de fausses étoiles, les corps sont beaux,
les yeux brillent dans une débauche d'éclats,
le jour a fui, toujours la nuit est la plus forte,
avec lèvres et mains, chacun le sait, au fond.

(25 janvier 2015)
Toulouse, Place Saint-Étienne, 24 janvier 2015, 18h59. ©JJMarimbert


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