De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 2 janvier 2015

La nuit 39


Sans la nuit, que serais-je, cette question m'a tenu
en l'air, la lévitation est d'une simplicité enfantine,
autant peut être le réveil noir pénible, le moi nu
balloté dans les plis d'une angoisse serpentine,

disloqué au gré des agacements réflexes enfouis
dans les muscles et le sexe, poumons exaspérés,
cœur ratant les degrés d'une échelle de cambouis,
bras agités, désœuvrés, lancés au ciel, désespérés,

dans le droit fil d'un rêve obscur, virée insensée
tissée au tréfonds du cerveau, mêlant les époques,
les peurs, les joies, les pleurs, les voix trépassées,
me laissant pantois au cœur d'un nuage de kapok,

en plein désert, brouillard, sirocco ou catastrophe,
haletant, éructant, lâchant mots et noms inconnus,
tenant au collet le drap pris pour un rhinolophe,
couverture déchirée par les tressauts du corps nu,

autant l'idée d'une petite lévitation impromptue,
tentant de résister aux vains tourbillons de bile,
me sort-elle presque d'affaire, tempête enfin battue,
membres harassés, crâne bercé d'un air amabile,

la fenêtre, personnage essentiel de mon théâtre
d'ombres, ouvre sur ce que le jour étouffe et nie,
le contact du drap se dissout, mon esprit folâtre
se met à sautiller ici et là, imitant les daphnies,

si sensibles à la lumière, je nage ainsi au hasard
des apparitions, des envies, des courants d'eau
intérieurs, explore l'inconnu, de ma vie le bazar,
libre et léger, déjouant les pièges, sur mon radeau,

je traverse les mers, longeant des côtes mythiques,
déchiquetées, blanches d'écume, langues de sable,
Jim Hawkins ou Ismaël, enfant j'aimais l'épique,
l'aventureux, et ces rimes qui font la vie aimable.

(2 janvier 2015)

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