De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

lundi 12 janvier 2015

La nuit 44


Il est des nuits si longues, en lambeaux,
fêlures fines au cœur des corps,
violés, à terre abandonnés,
tête remplie de cailloux obscurs,
gravats de ruines en plein désert,
si longues nuits sans étoiles,
ni lune ni soleil,
que seuls le refus de s'endormir,
la lutte contre l'air putride, la brûlure
des paupières, des narines, de la gorge,
des poumons remplis de sable,
dans le vol des insectes attirés par
la lumière finissante du lampadaire,
prisonnier des ombres,
et la résistance des papillons habillés de sang,
dont le vol trace à l'aveugle la carte du ciel,
permettent de vaincre la peur,
purulente plainte, qui fige l'enfant,
souffle dans les forêts,
peur de ne pas se réveiller,
comment imaginer ce qui laisse
les visages sans peau, sans yeux,
la nudité absolue des cadavres,
si touchants, sans mots, étonnés
d'être exclus de toute intériorité,
sinon par une nuit effondrée,
interminable, au cœur des os,
des entrailles durcies,
que nul autre corps ne peut réchauffer,
comment renoncer à la douceur
des bras serrés, des caresses,
au parfum des lèvres tendues,
au murmure des feuilles,
au chant des oiseaux,
il est parfois des nuits si longues,
que s'endormir, c'est basculer dans le vide,
quand la mollesse du sommeil gagne
le corps fourbu, mais de cette fatigue
naît une nouvelle danse,
la grâce naïve de l'invention du jour.

(12 janvier 2015)

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