De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mardi 18 novembre 2014

La nuit 14


Cette nuit, j'ai cru bien faire
en laissant les volets ouverts,
pour donner moins de prise au vent.
Peut-être aussi voulais-je t'envoyer un signe,
accrocher un mouchoir blanc disant
Monte, je suis seul, je t'attends, j'ai froid,
et toi aussi, dans l'encoignure glacée
de l'immeuble d'en face.
En vérité, pas plus d'immeuble
que de frêle silhouette surgie du néant,
je me montais surtout le bourrichon,
figé devant la danse des cyprès
sur les murs de la chambre,
théâtre chinois, lune en carton de Méliès,
assemblée de fantômes, tragique armée
déboulant de l'Hadès, et moi, sur l'Achéron,
tronc blafard balloté par le courant,
à la surface d'une eau moirée à carreaux
bleus et noirs. J'ai préféré en rire.
Pleurer, certes, a le mérite de soulager,
et de raviver la chaleur du visage de l'enfant
enfoui dans l'oreiller, aussi froissé que les draps,
morveux à souhait, qui m'évoquait
le repli de l'escargot dont j'observais avec envie,
entre mes doigts crottés, la souple disparition,
jusqu'à ne laisser au creux de ma main
qu'une coquille bouchée.
Mais rire, sur le moment, a fait surgir
une scène de plage, à l'ombre de pins
agités par le vent de mer,
accueillant les embruns lancés
par les vagues irritées,
nos mains jouant sur la serviette.
Un volet s'étant détaché, j'ai dû me lever
pour en finir, laisser entrer l'obscurité,
le silence, la nuit,
un œil jeté vers le ciel
raclé par l'Autan, jusqu'aux étoiles.

(18 novembre 2014)

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