De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 9 novembre 2014

La nuit 11


Cette nuit est un tunnel,
une deux dix voies se dérobent,
sitôt creusées s'effondrent, enfouies sous
une pluie de mots, voies de suie où scintillent
des éclats dispersés, des paillettes de temps,
des images glacées, à la va-vite
arrachées dans un album volé,
des paroles tronquées, des cris d'animaux,
des râles de plaisir, des lèvres collées,
des repas de fêtes, des maisons vides,
des pleurs d'enfant, des routes ensoleillées,
l'incendie mourant des profondeurs.
Avancer ne sert de rien, à quoi bon,
il n'y a rien au bout, pas de bout,
et il est là et là, j'y suis, tétanisé,
mais s'arrêter est impossible.
Dire ce mouvement immobile serait vain,
autant réécrire Milton,
"l'hémisphère de la nuit avait voilé
d'un bout à l'autre le cercle de l'horizon",
alors je cherche, une issue, un retour,
un trou, une ébauche de chant,
m'accroche à une lueur, un leurre,
vois passer des scènes, mille fois jouées,
des chutes de vie, des corps disloqués,
des personnages mâchent des chicots d'espoir,
sautillent et s'évanouissent,
des cheveux s'envolent et cachent la douceur,
des yeux clairs percent enfin les ténèbres,
je tente de m'y tenir, d'aller un peu plus loin,
bute contre la fenêtre, toujours la fenêtre,
ce halo, l'ombre absente des meubles.
Un bruit dans la rue me sauve, une voiture,
des pas, je les suis, n'importe où, jusqu'à
demain, voilà, c'est passé, ce n'était rien,
j'avais soif, soif de quoi, le sais-tu ?

(10 novembre 2014)
Toulouse, Brocante, 09 novembre 2014. 16h01. ©JJMarimbert



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