De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

dimanche 16 novembre 2014

La nuit 13


La nuit, au moment des grandes marées,
à l'assaut du cap et des dents de roche,
le sable ne reflète parfois qu'un ciel
de nuages bordé par la ville endormie,
dans une lumière striée de pluie fine,
des cargos forment une guirlande ténue
à l'horizon, et de grands voiliers sillonnent
mes entrailles houleuses et noires.
Lorsqu'un ciel dégagé troué d'étoiles
me guide, dans mon cabotage chaotique,
j'aperçois au loin les côtes déchirées,
des criques de galets plats, des falaises
rayées d'oiseaux ivres, que le faisceau
rouge de mes yeux réveille et affole.
Des traces de pas, mirage ou rêve éveillé,
m'attirent dans d'inextricables forêts où
bruisse une vie secrète, à l'abri du ressac,
fragile vie des ombres, et là, je guette
le moindre sourire, le plus petit souffle
dont la chaleur diffuse sous les draps,
caresse mon corps balloté par la brise.
Parfois, je croise une silhouette gracieuse,
je devine des cheveux, je bricole un regard,
et, au petit matin, le parquet de la chambre
roule et tangue tant, que partagé, entre
joie et incrédulité, je dois m'accrocher
au bastingage pour ne pas passer
par dessus bord et courir dans la rue,
criant à tue-tête le nom d'une inconnue.

(16 novembre 2014)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire