De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 19 septembre 2014

Sauvage ontologie 18


Vie secrète au fond du parc
cerné de briques rouges
feuilles à terre effleurées
panache d'un jeune écureuil
en feu qui soudain s'évapore
au cœur des branches entrelacées
traits de lumière plantés
dans l'humus noir et or
épandu au pied des troncs
les statues académiques veillent
toges de pierre sylphides étonnées
leurs regards passent les grilles
rejoignent les portes claquées
les pas pressés les vélos
la ville se laisse caresser
par le souffle des voitures
sur les trottoirs le frôlement
des êtres fait se mouvoir
des planètes intérieures
corps entraperçus visages
des yeux touchés joues pâles
bouches teintées de soleil
deux mains serrées jouent
à se quitter se retrouver
les doigts miment la tragédie
des départs à la guerre
des retours espérés des cris
de joie quand enfin les peaux
nues se réchauffent à l'abri
du monde indifférent
comprit-il sortant de chez lui
que son existence au fil ténu
était le décor merveilleux
d'un drame voué à l'oubli.


Têtue désespérée se fraye
un chemin sinueux entre jaunes
bâtisses hangars immeubles
cafés magasins décorés bruyants
démesurés sous néons jour et nuit
les lampadaires creusent des puits
une rue large à peine d'un pas
un vieillard pousse sa canne
une moto se cabre s'envole
d'une poussette sort un cri
des enfants courent s'entretuent
des couples s'arrêtent discutent
ciel rayé d'avions invisibles
la rue se contorsionne vire
cherche une sortie butte contre
les grandes avenues luxueuses
rebrousse chemin s'enfonce
dans les quartiers anciens
grimpe la colline qui surplombe
les champs et tout là-bas la mer
un port le soir des pêcheurs
dansent au son des guitares
buvant du vin de nacre mais
non il n'y a rien la rue tourne
panneau publicitaire lumineux
glisse femme jolis pieds sandalettes
eau de source montagne ensoleillée
rien non rien la rue se noie dans
le vacarme d'une place en travaux
statue couchée dans le sable
fontaine sèche encombrée d'outils
les yeux vides les mains vides
il n'y a plus rien nulle part
ni dehors ni dedans le silence
la ville est plongée dans le noir
la rue se perd dans la tranchée
creuser chercher dans ce vide
s'il ne croit plus en rien en personne
l'être sonne creux dans ce creux
la rue sillonne le temps l'ailleurs
à peine large d'un pas croise
chemin faisant d'autres rues égarées
quelques arbres se dressent offrant
leur ombre à la joie murmurée
cherchait-il sur une plage bondée
ses lunettes sous le petit parasol bleu.


En tout lieu ville ou forêt
désert vallée inutile d'aller
aussi loin dans cette rue
derrière ce mur passer la porte
à la poste petite file d'attente
un colis une lettre devant soi
tombe un papier se baisser
nez à nez bouche à bouche
visage surpris sourire effacé
à la va-vite le cœur s'agite
tout frétille dehors klaxons
complices oui attention tout
est possible monde ouvert
fermé dans le colis une main
des cils des seins des yeux
tout cela sur un papier tombé
écrit lu relu en tout lieu l'être
s'attend à croiser un être autre
se baisser prendre le papier
avis de passage de l'être
se présenter tel jour telle heure
s'offrir être là comment savoir
l'autre a vu bouche à bouche
dans le colis des fleurs des rires
des voyages des lits des cafés
partir c'est posté d'où déjà
l'être s'attend à croiser mais
qu'il ne verra pas qui sait
ne pas ouvrir le colis rêver
non scotch papier kraft hop
et voilà des yeux des rires
entrer dans la poste espérer
qu'un papier tombe à terre
et tout le reste non c'est trop
ne pas partir en courant
balayer les tempêtes rire
de tous les naufrages être
là patienter dans la file sans
attendre cela ne sert à rien
observait-il le boulanger
tirant du four des palettes
chocolatines croissants dorés.

(19 septembre 2014)
Toulouse, Allées Jean-Jaurès, 20 novembre 2013, 18h03. ©JJMarimbert


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