De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 26 février 2015

La nuit 63


Nuits des anges musiciens, le vin était-il noir,
bu dans l'urgence de l'ennui, même pas, gorgées
saturées de silence et cette mélodie, ce rythme,
est-ce dans la rue, y a-t-il seulement une rue,
je sillonne la ville, lumière d'or au couchant,
me précipite au cœur des ombres, je marche,
il y a si longtemps, rien n'a bougé, et la nuit,
je longe souvent l'Arno, serpent vert, marron,
nel mezzo del cammin di nostra vita, psalmodie,
repris et repris dans la chambre à l'Accademia,
fenêtres en faux vitraux, bois sombre, lampe,
je ne dors jamais, je marche, ne cherche rien,
et bien sûr, mi ritrovai per una camera oscura,
una strada oscura, deux, dix, dans les jambes
des siècles d'obscurité, plafonds peints, stuck,
ciels percés où volent, non, je scrute le sol,
la musique des anges dégouline, il fait froid,
je pousse la grille d'un jardin, oui, c'est là,
des pas dans l'escalier, San Marco, personne,
une jam pour fêter l'Alighieri, tissu froissé,
mais je suis ailleurs, à chacun son guide,
moi, vrai faux César auréolé de verdure,
passé le pont, en tête les statues amputées,
Palazzo Pitti, je ne sens pas mes doigts gelés,
ché la diritta via, ou bien est-ce moi, smarrito,
à croire qu'errer, vile prétention, je murmure,
le lit se peuple d'arbres, de haies, de bancs,
de ces bancs de pierre rugueuse où, tu sais,
sur le parquet à larges lames, je ne dors pas,
j'écoute, ici je parle aux cyprès, je me moque
de moi, le temps racle ma gorge, je respire
à fond, lentement, oui, petit flacon de vétiver,
abandonné sous le lit, je t'ai imaginée, mais
San Lorenzo s'agite, la nuit danse, je sors,
partout, douceur et tremblement des roues
de métal sur les pavés de la place, ciel muet,
en me tournant, mes yeux ont roulé à terre,
à peine ai-je entrevu, un visage, une bouche.

(26 février 2015)

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