La nuit 53

Jamais la nuit ne s'éteint la colère du jour,

les mots volent et les regards et la vie et

ce n'est rien, tout est dedans, rien ne sort,

long voyage, loupiotes jaunes, rails gris,

que faire du monde, de soi, s'expliquer,

murs, plafond, porte, fenêtre, tout tenir,

jamais colère ne, trémulation, ça vibre,

se tourner ne sert de rien, les yeux clos,

pareil, où est-elle, au cœur du ventre, là,

là, au cœur du sexe, non, c'est le ventre,

l'histoire est malaxée, ça touille, ça tort,

il va se passer quelque chose, se lever,

quelle patience ont cyprès, tourterelles,

la nuit, se recueillir, se taire, se blottir,

laisser le gouffre s'agiter dans le noir,

guerres, viols, cris, tout dans le ventre,

haine, leurres, mépris, mensonge, tout,

dormir, s'éloigner, et chanter à tue-tête,

pas un son, étrange chant du lointain,

poumons gonflés, papier peint décollé,

légèreté de l'envol, jeter regard au sol,

tout grouille et glisse, la colère se débat,

le lent glacier de Mnémosyne broie tout

ce dont l'océan se délecte, fille d'Ouranos

et de Gaïa, est-ce bien toi, je t'appelle,

que faire de ma colère qui ne s'éteint,

de ces mots venus de toi, est-ce toi qui,

ciel infini, terre collante, traquer la vie,

ne rien laisser se perdre, voix ou rire.

(7 février 2015)

Toulouse, Métro Bagatelle, 6 février 2015, 7h43. ©JJMarimbert