De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

jeudi 19 février 2015

La nuit 62


Inépuisable nuit des ombres, au moindre
souffle envolées, tout s'y transforme en
châteaux, ruines, falaises ou paquebots,
fous de Bassan et choucas se défient,
leur ballet lacère mes pupilles opaques,
la baie de Loia ouvre la route des Indes,
inépuisable nuit, grandes lames de fond,
sommets enneigés d'une houle de marbre,
sur la scène d'Épidaure je titube de joie,
de rage, d'amour désespéré, de tristesse,
au loin la mer des conquérants miroite,
les navires affrontent ciel, vent et pluie,
je réalise enfin mes vieux rêves d'enfant,
mais j'en veux toujours plus, par dessus
bord je jette l'or de Tarsis, et les dieux,
quincaillerie de rien, rien hors tes yeux
ne brille, hors ta peau ne chante, ne rit,
Atlantique et Méditerranée se mêlent,
le vent d'Est fait chanceler Gibraltar,
dans les forêts surgies derrière la porte,
quand les ours flairent les baies mûres,
les oiseaux de nacre traquent les mulots,
la mousse enveloppe l'écorce des chênes,
sous le bureau se cache un troupeau égaré,
les guerres se sont tues, lassitude des morts,
le murmure des rivières glisse à l'horizon,
à la fenêtre ouverte, lampadaire ébouriffé
dans son nuage de papillons et de tipules,
patience infinie de la lumière et de la vie,
je le sais, tu es là, intarissable nuit de sang.

(19 février 2015)
Baie de Loia, 21 août 2014. ©JJMarimbert


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