De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 4 février 2015

La nuit 52


Rare est cette nuit, inquiète, aux aguets,
tressaillant au moindre désir, de ciel, d'or,
frottement, peaux, draps, cheveux noirs,
plaintes du bois sec, du volet mal fermé,
laissant aux choses éparpillées le soin
de n'être rien, offertes au regard creusé
dans l'air opaque et chaud, espace clos,
tandis qu'au dehors luttent les animaux,
contre la neige, contre la mort alertée,
victorieux de tout, au creux des cyprès,
temps presque figé, hésitant sur le seuil,
n'a-t-elle donc ni début ni fin, perdue
entre avant et avant, après n'existe pas,
après est l'abîme, et elle sillonne l'iris,
se nourrit du bois rouge des tam-tams,
ondule dans les cathédrales de coton,
érige des voûtes de pensées affolées,
dit à qui peut l'entendre, malheur, amour,
routes de cailloux, longs trains rouillés,
couvre le corps de souvenirs étreints,
rare est cette nuit dont la musique bat,
le sang bariolé irrigue les apnées,
être à son écoute occupe toute la vie,
se frayer un chemin, ouvrir la bouche,
la parole jamais n'atteint l'horizon,
coule sur la vitre, le savoir est inutile,
et c'est tant mieux, tu le sais de toujours,
la pluie apaise les yeux et les oiseaux.

(4 février 2015)
Toulouse, 3 février 2015, 7h50. ©JJMarimbert


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