De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

samedi 8 août 2015

Il y a foule sur le Pont-Neuf


Il y a foule sur le Pont-Neuf,
un homme s'est paraît-il jeté au fleuve,
le bruit court sur le parapet,
tout habillé, une valise à la main,
était-elle attachée à son poignet,
remplie de quoi, de pierres, de livres,
de photographies, de quoi,
la vie tient-elle dans une valise,
chacun tente d'apercevoir un bras, une tête,
la vedette des pompiers fait des ronds,
revient vers les piles, un homme à l'eau,
un homme crie, il a vu, il croit avoir vu,
quelque chose, la valise éventrée,
c'est le choc, ça fait dans les, au moins,
une bouche ouverte, sur rien, vide,
s'ouvre, se ferme, ballotte, hésite,
des gars s'activent sur le quai,
des canards filent vers l'autre rive,
deux trois bouteilles, canettes, entre deux eaux,
au milieu de branchages auréolés de saleté,
des nuages joufflus coiffent le dôme de l'hôpital,
je pense à l'eau opaque, je suis en colère,
je n'aime pas la colère, noire,
le grand plongeon dans la baignoire,
je vois un bras, une bague, un bracelet sec,
le crin, pourquoi sortir déjà, je viens à peine de,
la mort peut attendre, rêver, nager encore un peu,
l'île n'est pas loin, je ferme les yeux,
le bracelet n'est pas d'accord,
l'or des pirates, saborder, couler l'ennemi,
le bateau s'enfonce devant les yeux globuleux
de bestioles affolées, en tout sens,
par vagues argentées, je crie,
sous l'eau c'est bien, on crie dedans,
les sons viennent de l'horizon,
d'une autre planète peut-être,
on s'égosille de loin, un cri de défi,
un cri d'amour, tu l'entends, j'en suis sûr,
un cri si doux, comment lui résister,
mes mains sont blanches, marionnettes de lin,
je traverse le pont et rejoins l'herbe,
je m'allonge, ne voir que le ciel,
la cimes des arbres, c'est tout,
une main pâle sort de l'eau,
comme une musique.

(8 août 2015)
Toulouse, 25 octobre 2014, 15h56. ©JJMarimbert


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