De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 12 août 2015

Il en est de certaines blessures


Il en est de certaines blessures,
comme de coquillages abandonnés,
envahis par le sable au fil des siècles,
de paysages de mer sous un ciel de plâtre,
de ces chants d'oiseaux en plein désert,
sans oiseaux, lorsque le vent brûlant s'attaque
aux chicots de montagnes salées,
du ballet des boules d'acacias déracinés,
de l'aboiement d'un chien qui mordrait l'air
de faim, flairant de loin une guerre absolue,
d'un enfant submergé par la douleur,
n'ayant en poche aucun mot, ni chagrin,
dans les mains ni regard ou épaule,
dans les yeux pas même la trace d'un refuge,
autre que la douleur qui le cloue au temps,
cette flèche sans pointe ni cible,
de ces repas sans fin où un silence épais
enduit les murs, remplit les cuillères à ras bord,
les gorges, les poumons, les corps devenus
chair étouffée, muette, alors qu'à la fenêtre
tinte un vélo, flotte une robe légère,
de ces plaies que rien ne peut panser,
elles atteignent l'être, ou le monde,
ou les forêts d'où jamais le feu n'est absent,
sous un soleil d'amour, séduisant et joyeux,
de ces poissons qui attrapent à pleine dent
le bel appât, ivres de reflets, soudain tirés
par la bouche, mâchoire arrachée,
dansent devant la mort en un vain rituel,
la mort n'a que faire de la grâce,
des paroles offertes à la flamme d'une passion,
en un éclair réduites en cendres,
dont les lambeaux volètent dans la nuit,
de la solitude d'un voilier au milieu des mers,
tempête ou calme plat, peu importe,
ballotté au gré des caprices de l'histoire,
vers une côte aperçue, au creux de la houle,
par le marin attaché à la barre, ventre en feu,
qui se bat contre son envie de sauter à l'eau,
n'ayant pour tout viatique qu'un visage perdu,
dont les embruns ont gardé la fraîcheur.

(12 août 2015)
Peñíscola, 11 août 2015, 17h53. ©JJMarimbert


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