De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

vendredi 6 mars 2015

La nuit 65


La nuit, dans la patience des choses
muettes, l'espace engloutit le temps,
je vois une noria, un âne aux yeux bandés,
sangles de cuir craquelé, croûtes de sang,
les muscles sont de bois, le mors cliquète,
la meule énorme racle la dalle creusée,
dehors le vent fait rouler une cannette,
bière, soda, elle suit la pente et s'arrête,
on dirait une ville en ruines, désertée,
la guerre est perdue, toutes les guerres,
l'air palpite au gré de mon cou,
rythme têtu, lancinant, sur la terre sèche,
dans le lointain, musique des arbres,
danse, la poussière vibre sous les pieds nus,
l'âne enfin s'est arrêté, les planètes se figent,
sur le sol plus rien ne bouge, et je te vois,
fredonne un air, toujours le même, doux,
la nuit veille sur la fraîcheur de l'attente,
je n'ose pas bouger, briser le fragile équilibre,
la cannette fait deux trois tours, un oiseau,
la ville s'anime, le temps s'écoule à nouveau,
encore une fois nous avons franchi l'abîme,
sur l'avenue, les voitures glissent, imitent
le murmure des vagues sur les galets,
le grand large patiente derrière la porte,
il suffit du mouvement d'un pied, d'un bras,
pour que la vie prenne un cap imprévisible.

(6 mars 2015)

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