De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

mercredi 6 mai 2015

La nuit 81


La nuit jamais ne se gagne sur le grand jour,
l'envers de rien, sinon de l'ombre soufflée,
fuyant dans la béance incendiée par Phœbus,
teintée d'espoir au matin, peu à peu aspirée,
sauvée du néant par les lampes électriques,
ombre immobile, maisons, fenêtres, arbres,
porches, voitures, panneaux, ils attendent,
grand nuit, faudrait-il dire, dont le cœur bat
au rythme d'écailles affolées en nuage strié,
autour du casque lumineux piqué de cousins,
de vibrionnantes bestioles à peine visibles,
molle pulsation de la rue vide de toute âme,
quand accoudé au garde-corps, émerveillé,
je cherche un ciel, prenant appui sur la haie
de cyprès bleus d'Arizona, beaux, apaisants,
je balaye des yeux le jardin de l'immeuble,
devine, collé à la vieille enceinte de briques,
saisie par un spot enterré, la silhouette grêle
du petit palmier, tout un monde est là, tapi,
dans la fraîche obscurité, intimité de l'être,
terreau des horizons bleutés, et quoi d'autre,
les îles sortent de l'eau d'une vasque oubliée,
y a-t-il un cerisier, une aile d'oiseau, un lilas,
où je cacherais les moments passés là, muet,
à te dire cela, ton visage est partout, reflet de
l'absence des mots chuchotés jusqu'à l'aube.

(6 mai 2015)
Toulouse, 5 janvier 2015, 8h06. ©JJMarimbert


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