De ma fenêtre

De ma fenêtre
Toulouse, 5 juillet 2014, 21h15

samedi 25 avril 2015

La nuit 77

N'y tenant plus, cette nuit, rues oppressées,
souffle à peine ébauché, coupé court, jeté
hors du lit, vêtements au vol, dans l'entrée
clefs à terre, la porte claque, escalier avalé,
courir, courir, longtemps reclus, immobile,
mots pour dire, vains, que cet effondrement,
et cætera, tout ça n'existe pas, n'est que folie,
agrippé au pendule de Foucault, le sol glisse
sous la masse, chanter la grand-hune du ciel,
belle sphère de métal où l'univers se reflète,
voir les chutes Victoria et la banquise nue,
les dunes de Merzouga, Vérone, Manhattan,
l'air frais pique aux joues, paupières plissées,
le corps ne raconte pas d'histoire, il résiste,
écouter le corps, explorer ses failles, jouer,
jamais le corps n'est un ni autre, il, ici et là,
ancien, livré au hasard, se souvient de tout,
Canal noir sous une dentelle d'immeubles,
marche sèche, trottoirs frangés de vitrines,
vêtements de saison, salles de cafés désertes,
chaises empilées sur une terrasse enchaînées,
enseigne de chausseur, mocassins, ballerines,
des meubles ternes, mon ombre coule sur tout,
un bus clignote, pneus sifflant sur macadam,
frein essoufflé, chauffeur blafard, je saute
presque en marche, ou bien l'ai-je rêvé, non,
Saint-Étienne de briques, silence d'encens,
fontaine de chérubins joufflus, un magnolia
en fleurs, autour du tronc un tapis de pétales,
aux Augustins, statues, bras, mains, visages,
je me retrouve près du fleuve, et sur le quai,
silhouette du pont rehaussée de guirlandes,
le vent me parle de toi, j'ouvre la fenêtre,
au bout des doigts, la caresse d'un ange.

(25 avril 2015)
Paris, Musée Carnavalet, 18 avril 2015, 14h54. ©JJMarimbert


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire