Anciennes nuits à venir, images gravées
dans l'épaisseur des attentes, sans lien,
corps enchevêtrés d'arbres intouchés,
de nuages percés de bleus, d'iris striés
de teintes immémoriales, nuits à boire
jusqu'au lit défait, béant, cruel abîme
d'un silence peuplé d'ombres, de chants
d'oiseaux, de proies filant dans l'herbe noire,
longues nuits frappées d'amnésie, navires
offerts à la houle spectrale des regards
égarés, entre meubles et plafond, étagères
et livres à terre, muets, patients ou morts,
soudain se détache du plus obscur, léger,
l'appel inchoatif des origines, fragile, naïf,
il frôle le dos des mains, les bras inutiles,
ainsi naissent d'autres nuits, et se dressent
de beaux décors orientaux, parfumés, fleuris,
bougainvillées, jasmin, champs d'orangers,
des paroles aimantes tombent en poussière,
vaines, simples mirages, miroirs sans tain,
il ne reste plus rien, que formes souples,
paysages ébauchés, chemins tus, ciels peints
par un enfant, musique du corps tressaillant,
tandis que dans la rue, les cyprès d'Arizona
jettent sur le trottoir leur dentelle, bleuie par
l'œil du lampadaire, que la ville ondule
dans le froid du passé, longues nuits à venir,
te dire tout cela, jamais, et bien autre chose,
le trop-plein des aventures cachées, à venir.
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