Il en est de la nuit, parfois,
longue et tortueuse,
comme de certains tunnels
en plaine creusés,
que les évadés percent
avec leurs noirs chicots,
entrée sortie fondues,
la terre sous les ongles,
obligent à se tenir
sur un seuil inexistant,
en équilibre sur une lame,
entre deux ombres,
dans le cercle universel,
margelle d'un puits,
au fond le rond de l'eau
reflète une image falote,
théâtre vieillot, rideau
de poussière antique,
dans les coulisses,
drames et crimes, amours,
luttes immémoriales
pour la clémence du ciel,
la nuit goutte à goutte fuit,
les têtes se figent d'effroi,
les costumes s'agitent,
ou bien est-ce le drap,
le corps dans les plis se tord,
se recroqueville, coque de silence,
lumière filtrée par le volet,
parcimonieuse et moite, épaisse,
ce n'est pas un tunnel,
l'attente nouée au cou,
simple apnée qui retient tout,
avant d'enfin se jeter dans
le vif d'une parole à venir,
d'un corps offert au vent,
le sillage d'une coccinelle,
le sourire d'une passante,
le torrent d'une rue ensoleillée.
(20 janvier 2015)
San Sebastian/Donostia, 18 août 2014, 21h13. ©JJMarimbert
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