Ces dernières nuits, cherchant mes mots,
de mes lèvres un murmure s'échappait,
borborygmes, pâteux chapelet d'ébauches,
je croyais à une présence, visage disloqué,
mes yeux glissaient d'une ombre à l'autre,
mes oreilles aux aguets comme en forêt
bête traquée, et ce murmure ici là insensé,
mots mâchés, ne sais pourquoi, ni pour qui,
je ne trouvais que débris épars, cris lointains,
traces de pas, échos de cris, souffles rauques,
tout n'était que halo, reflet mouvants, esquisses,
une nuit, deux nuits, trois, quatre, toute une vie,
les phares balayaient parfois la rue, les cyprès,
je laissais le volet ouvert, incapable de le tirer,
voulant voir le monde, une illusion de monde,
la vie, le fermer autant mourir, plonger, alors,
plutôt que le rien de ma chambre où j'étouffais,
je me crispais, serrant le drap à deux mains,
le corps accroché à mes doigts, d'un seul bloc,
les sons fuyaient en tout sens, fourmis, cafards,
puis tout s'emballait, à un moment ça lâchait,
dedans, tout au fond, un truc cassait d'un coup,
j'allais trop vite, je me rappelle une route, nue,
seulement cela, j'aurais tant voulu que tu, mais
des paysages défilaient, mes paysages enfouis,
figuiers de Barbarie lourds de fruits, eucalyptus,
mais non, pleine nuit, une nuit, deux, trois nuits,
incapable de saisir la moindre mélodie, nulle
flûte pour s'adresser au ciel, de bois ou d'os,
rien, je cherchais des mots, fenêtre ouverte,
me levant le matin, moulu, avant le soleil,
les nerfs à vif, sans avoir même défait mon lit.
(18 janvier 2015)
Route Pau-Toulouse, 17 janvier 2014, 18h36. ©JJMarimbert
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